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La valorisation du gaspillage énergétique
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Le 4 avril 2009,

A l’heure du réchauffement climatique et de la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’industrie du déchet communique massivement en se présentant comme un secteur producteur d’« énergie verte ». Les incinérateurs sont désormais auto-proclamés « unités de valorisation énergétique » (sic !) et les décharges « bioréacteurs » (re-sic !). Toute cette sémantique très « développement durable » vise à redorer une industrie obsolète dont les populations ne veulent plus.
A la tête de cette campagne de « greenwashing », le SVDU, syndicat des exploitants d’incinérateurs, est prêt à tout pour défendre son business. La reconnaissance par les industriels eux-mêmes de la piètre performance énergétique des incinérateurs français sert de prétexte, non pas à la réduction de l’incinération, mais à de nouveaux investissements massifs pour développer de nouvelles unités, éventuellement connectées à des réseaux de chaleur. Les citoyens seraient de nouveau pris en otage pour des décennies, après les investissements colossaux consentis pour la mise aux normes des usines depuis le début des années 2000. Récemment, la journée technique « déchets, climat, énergie » organisée par l’’Observatoire Régional des Déchets d’Île-de-France (Ordif) a magistralement illustré cette nouvelle dérive : une belle vitrine publicitaire a ainsi été donnée aux exploitants d’incinérateurs et de décharges alors que l’impact positif sur le climat de la prévention ou des alternatives (tri, recyclage, compostage...) n’a été qu’évoqué. La réduction à la source est une expression taboue pour les industriels : elle est pourtant la meilleure solution pour réduire notablement les émissions de gaz à effet de serre et économiser nos ressources naturelles. L’intervention d’un élu local fut très révélatrice de la situation actuelle : « Je n’y comprends rien ! On nous demande de réduire le recours à la décharge et à l’incinération et vous nous présentez sans cesse ces procédés comme des alternatives ! ».

S’appuyant sur les derniers chiffres d’Eurostat, le Cniid a de nouveau pointé du doigt le retard de la France qui ne recycle que 16% de ses déchets (13ème rang européen) et n’en composte que 14% (10ème rang). A l’inverse, elle a massivement recours aux filières d’élimination en enfouissant 34% de ses déchets et en en brûlant 36% (5ème rang). Plus du quart des incinérateurs européens sont implantés en France (130 unités) ! L’incinération est une technologie sous perfusion d’argent public freinant les investissements pour le développement d’autres modes de gestion des déchets et de production énergétique moins polluants. Rappelons qu’en 2001, le Parlement européen [1] s’était opposé à l’introduction de l’incinération parmi les sources d’énergie renouvelable expliquant que « cela est en contradiction non seulement avec les réalités scientifiques mais aussi avec l’image de l’électricité « verte ». De plus cette approche va à l’encontre des efforts déployés par l’Union en matière de prévention et de recyclage des déchets ». À quand des portes ouvertes dans les incinérateurs et les méga-décharges pour la semaine du gaspillage durable ?


[1Exposé des motifs du vote en deuxième lecture de la Directive 2001/77/CE

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