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Risques et limites du tri mécano-biologique (TMB)
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Le tri mécano-biologique pourrait éventuellement être envisagé et trouver sa place dans la gestion des déchets comme outil de stabilisation des ordures ménagères résiduelles (OMR) après collecte sélective des biodéchets, des emballages et des déchets dangereux des ménages, notamment pour minimiser l’impact des déchets mis en décharge (neutralisation des émissions de méthane de la matière organique résiduelles et réduction du volume enfoui). En revanche, c’est un leurre de croire qu’il pourrait être considéré comme un moyen efficace et privilégié de produire du compost normé utilisable en agriculture.

Le TMB est pourtant aujourd’hui en plein développement en France. Il est mis en place dans la majorité des cas en vue du compostage de la part organique des déchets ménagers mais également en amont de la méthanisation de cette part organique. De nombreux projets fleurissent sur le territoire (d’après l’ADEME, environ une quarantaine de créations et une trentaine de rénovations) comme nulle part ailleurs en Europe. Après des décennies de tri-compostage produisant un support de culture de très mauvaise qualité, le TMB est vendu comme la nouvelle solution « écologique » pour continuer à traiter les déchets ménagers non triés en valorisant la fraction fermentescible des ordures ménagères (FFOM) ou le digestat issu de la méthanisation de la FFOM en compost.
Or, sur le terrain, c’est une tout autre réalité : d’après l’ADEME, seulement 7 % des « composts » issus d’ordures ménagères répondraient à la norme sur les amendements organiques (NFU 44051) à respecter depuis le 1er mars 2009 [1]. En effet, la matière organique contenue dans les poubelles résiduelles est contaminée par différents polluants. Rappelons, par exemple, qu’une pile sur trois seulement est aujourd’hui collectée sélectivement et que plus de la moitié des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) finit dans les ordures résiduelles, sans parler des déchets dangereux des ménages. On ne peut donc obtenir un compost de qualité en récupérant la matière organique à partir d’ordures en mélange. Cette matière non normée est ainsi intégrée dans des plans d’épandage ou rejoint un centre de stockage. En outre, la norme NFU 44051 pourrait être renforcée dans le cadre d’une révision des normes de qualité des composts à l’échelle européenne. La production de compost normé par tri mécano-biologique des ordures ménagères résiduelles sera à terme rendue impossible ou alors à des coûts très élevés. Enfin, les déchets secs récupérés par le tri mécanique, à l’exception des métaux, ne répondent pas aux prescriptions techniques établies par les recycleurs et sont donc incinérés ou co-incinérés. Ce sont autant de surcoûts assumés par la collectivité. D’après l’ADEME, le coût moyen [2] d’une tonne de déchets traitée par TMB varie entre 80 et 135 euros TTC (hors Taxe Générale sur les Activités Polluantes).

Les constructeurs d’usines de TMB reconnaissent parfois eux-mêmes [3] qu’ils ne peuvent garantir la conformité à la norme NFU 44051, notamment en ce qui concerne les traces de métaux lourds (éléments traces métalliques - ETM).

Le TMB n’est pas un outil pertinent pour développer la valorisation matière. Le traitement des ordures ménagères résiduelles par TMB ne permettra pas d’aider à l’atteinte de l’objectif fixé dans la loi dite Grenelle 1. En aucun cas cet outil ne constitue pas une alternative à l’incinération ou à l’enfouissement.


[1ADEME, avis sur le traitement mécano-biologique des ordures ménagères, mai 2010

[2Le coût moyen intègre le coût du traitement des refus

[3Sita Sud précise, dans le mémoire rédigé en réponse au projet de TMB de Salindres (30), que « l’engagement de Sita Sud porte sur l’ensemble des critères de la norme, à l’exception des seuils d’ETM (Eléments Traces Métalliques). En effet, toutes les études en retour d’exploitation montrent que la teneur en ETM dans un compost est pour l’essentiel déterminée par la teneur en ETM dans les déchets livrés. Il s’agit notamment d’une pollution des matières fermentescibles au niveau de la collecte »

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